Continente Inospitale
Le photographe Clovis Paul Baechtold représenté par l’agence Strates à Lausanne souhaite aujourd’hui se rendre en Sicile afin de continuer un cycle documentaire commencé en Juillet 2010 sur la question de la migration en Europe.
Cela fait trois ou quatre ans que je souhaite me rendre sur l’île de Lampedusa. Cette période coïncide avec le temps où j’ai commencé à aborder la thématique migratoire. Cela commença en 2010 avec la prison de l’aéroport de Zurich - quelques mois après le décès d’un jeune Nigérian d’une trentaine d’année - cela a continué avec le No Border Camp s’étant déroulé à Bruxelles en 2010 – camp étant sensé faire converger des luttes anticapitalistes, antiautoritaires et tenter des actions à l’encontre de centres fermés et de rétentions aux alentours de Bruxelles. Ce cycle s’est achevé avec le squat du Gesù, toujours à Bruxelles, situé sur la commune de St-Josse – celle-là même où vécut Karl Marx ainsi que sa famille durant un temps court et tourmenté. L’occupation de cet ancien cloître jésuite désacralisé fut forte d’environ cent-cinquante personnes, d’une quarantaine d’enfants, d’artistes, d’activistes, d’une multitude d’origines, de cultures et de nationalités différentes. D’une certaine façon, « un haut lieu de l’immigration » .
Lampedusa est une île tristement connue. Aussi, je ne souhaite pas nécessairement m’y rendre. Plutôt explorer la côte sud et ouest de la Sicile – la côte sud faisant face à l’île de Lampedusa – et documenter les ports et villes où arrivent régulièrement des personnes migrantes - personnes en quête d’une vie meilleure, vies meilleures que nos sociétés occidentales, inhospitalières et conservatrices, semblent bien incapables d’offrir. Argiento, Porto Empedocle, Gela, Pozzalo, Augusta, Messina, Siracusa, Catania pour ce qui est des côtes, des ports, des villes et des villages côtiers. Ragusa, Modica ou encore le plus important centre fermé et de rétention, celui de Mineo, pour ce qui est de l’intérieur des terres.
Sans savoir ce à quoi je vais être confronté une fois sur place, je peux d’ores et déjà dire que mon approche sera double ; tantôt proche – en allant à la rencontre de l’humain, s’asseoir, se taire, écouter, parfois photographier. Tantôt lointaine - approche documentaire stricte des lieux cités plus hauts. Le recueil de témoignages et de paroles viendra également se greffer sur les travaux photographiques, donnant ainsi à ce travail une véritable teneur documentaire.
Après avoir réalisé un certain nombre de travaux – sur une période de cinq ans – en totale autonomie et en m’autofinançant, je pense avoir atteint la limite de ce que je peux faire et financer seul. C’est là la raison d’être de cette levée de fond et la raison pour laquelle je sollicite cette aide afin de réaliser ce travail dans les meilleures conditions possibles. Travail important au regard de l’avenir incertain et tendu qui nous guette et dans lequel nous baignons déjà.
Avertissements et réserves.
La somme que je cherche à récolter me permettra d’acheter les films qui me manquent, de réaliser le travail sur place pour une durée d’environ deux mois, de couvrir les frais de voyage et de déplacements ainsi que de résoudre des questions liées au logement in situ. Cette somme couvrira également la réalisation des contreparties, notamment l’acquisition de matériel de tirage ; chimies, papier, etc.
Sans votre aide tout cela ne serait pas possible aussi je vous en remercie infiniment d’avance ! Notez qu’il vous est possible de contribuer au projet sans nécessairement choisir de contrepartie selon le montant de votre choix.
Le photographe, quand bien même il maîtrise ce qu’il fait, n’est jamais à l’abri d’une perte d’images. Cela ne m’est encore jamais arrivé. Cependant, le fait de travailler sur du film s’avère être un exercice sensible, d’autant plus que le contexte dans lequel je vais me plonger à nouveau est également sensible. Confiscations de films par les autorités, machines tombant en panne, portiques à rayon X sont entre autre des facteurs de perte potentielle. Bien qu’il y ait très peu de chances que cela arrive ; je me sens cependant, par souci d’honnêteté envers les contributeurs et contributrices, obligé d’émettre cette réserve.