Détournement publicitaire en Haïti
Mon projet «Publis’Haïti» a été sélectionné pour participer à la 5ème Ghetto Biennale à Port-au-Prince, en Haïti, en décembre 2017. Il a été imaginé en collaboration avec un collectif de cinq jeunes artistes haïtiens: Ti Moun Resistanz. Ensemble nous allons réaliser une installation qui comprend cinq mots réalisés avec des leds rouges, fixés sur les façades en divers points de la ville. Cette installation fonctionne comme une enseigne publicitaire, qu’on aurait détournée de sa mission habituelle pour l’utiliser à des fins artistiques et poétiques. Suivis par un point d’interrogation, les mots s’adressent de manière directe aux passants, créant un lien avec la population et suscitant la discussion.
Comment on va procéder: Après une visite approfondie de la Ville, nous déciderons ensemble de cinq façades à investir. Le travail porte ensuite sur le choix des mots : écrits en créole, ils doivent être courts pour fonctionner comme un slogan et représentatifs des préoccupations des jeunes haïtiens.
Un atelier d’une semaine permet dans un second temps à toute l’équipe de réaliser les lettres en soudant les LEDs sur des câbles, et en réalisant des structures rigides avec des matériaux de récupération.
Une installation du même style a été réalisée en 2013 à Mitrovica (Nord Kosovo) en collaboration avec des étudiants et des écoliers, au sein de l’ONG Aktiv. Les mots une fois installés en divers points de la ville ont généré des discussions au sein de la population, à tel point que l’installation est restée sur les murs bien au-delà du délai prévu initialement.
Si la montagne ne vient pas à Mahomet...
Atis Rezistans est un collectif d’artistes de Port-au-Prince qui existe depuis 2001. Leurs œuvres s’exportent bien, mais on leur refuse systématiquement leur visa et ils ne peuvent donc participer à aucune manifestation artistique à l’étranger. En 2009, pour répondre à leur manière à ce manque de mobilité, ils décident d’organiser chez eux leur propre biennale d’art. Ils invitent des artistes internationaux en Haïti pour y réaliser ensemble des œuvres originales. Depuis, la Ghetto biennale, car c’est son nom, a accueilli plus de 200 artistes. Bien que la biennale commence à être un événement artistique dont on parle, elle n’a pas de budget de fonctionnement. Les artistes sélectionnés doivent donc trouver eux-même des sources de financement, raison pour laquelle je m’adresse à la communauté Wemakeit.
A quoi est-ce que je vais utiliser votre argent?
Le budget de l’«opération Publis’Haïti» comprend divers postes: cet appel à soutien concerne en particulier le matériel utilisé. Si je vise pour ce projet une économie de moyens, le but est tout de même d’initier les jeunes artistes du collectif à l’électronique de base: soudure, calcul de puissance, recharge au solaire, etc. Il nous faudra donc des outils, des transformateurs, des capteurs solaires et des batteries. Il faudra aussi fournir un support de cours simple et efficace. L’idée est que ce matériel puisse ensuite rester sur place à disposition des membres du collectif pour réaliser d’autres œuvres de leur crû. Ils pourront également ensuite enseigner ces techniques dans le cadre des nombreux ateliers pour enfants organisés par le groupe des artistes de la Grand Rue, et auxquels ils collaborent régulièrement. En cas de dépassement de la somme prévue, l’argent servira à financer du matériel pour le collectif Ti Moun Resistanz: peinture, pinceaux, ordinateur.