Mieux connaître les puces de canards et protéger les baigneurs
Les puces de canards ! Une véritable plaie pour les Genevois, les Neuchâtelois, les Vaudois… et la plupart des audacieux pratiquants de sports lacustres.
En fait, les «puces de canard» sont des larves d’un ver trématode parasite, du genre Trichobilharzia, qui utilise des oiseaux aquatiques comme hôtes définitifs et des escargots d’eau douce comme hôtes intermédiaires. Lorsque la larve du parasite nage à la recherche d’un canard, il arrive qu’elle rencontre un humain et confonde les molécules sur la peau avec celles d’un oiseau, ce qui provoque une tentative d’infection et une réaction allergique très désagréable: «la dermatite du baigneur» et ses intenses démangeaisons.
Une équipe de scientifiques du Muséum d’histoire naturelle de Genève entend relever un triple défi : mieux connaître la biodiversité des parasites du lac Léman, mettre au point un système d’information et d’alerte pilote pour les baigneurs, notamment en développant une sonde moléculaire pour quantifier la présence des «puces de canard» dans le lac, et échanger tout au long du projet avec la population.
Biodiversité cachée: pour et avec la population
Comment préserver la population des assauts répétés des puces de canard, tout en préservant la faune et l’environnement? Dans certaines régions, des mesures radicales et partiellement efficaces ont été prises: arrachage des herbiers, éradication des escargots et même abattage d’oiseaux aquatiques! Ce n’est pas ce dont le lac Léman a besoin, ni aucun lac ayant une biodiversité aussi importante. Rappelons notamment que le lac Léman est un site d’importance mondiale pour les oiseaux.
«Connaître pour mieux protéger, la faune comme les humains», tel pourrait être la devise du projet «Alerte à la plage!». Si nous parvenons à mettre au point un système d’alerte, et donc non-invasif, ce sera une première scientifique mondiale exportable, et surtout un service à la population qui devrait être très apprécié.
Il est aussi important de faire prendre conscience aux populations lacustres de l’utilité, de la complexité et des particularités de la biodiversité locale sous toutes ses formes, même celle des parasites!
Afin de diffuser au mieux ces messages, le projet s’inscrit dans un vaste programme de collaboration avec la population. Dès le 9 juin une exposition intitulée «Faites comme chez nous - Alerte à la plage!», propose une immersion dans le monde des puces de canard et des scientifiques qui les étudient. Jeu sérieux, jeu vidéo, reconstitution de fonds du lac… Tout est bon pour partager les connaissances sur ces parasites qui nous enquiquinent et qui sont pourtant si nécessaires à la biodiversité lacustre.
Une première étape déterminante
Ce n’est pas tous les jours que les scientifiques cherchent des financements pour aller à la plage ! C’est pourtant le cas pour notre projet.
Le financement participatif recherché nous permettra d’effectuer la première série de plongées et donc de récoltes d’escargots. En parallèle, nous allons débuter l’étude morphologique et moléculaire des parasites présents chez les différentes espèces d’escargots, dont la puce de canard. Si nous dépassons notre objectif, nous pourrons échantillonner plus de plages, dès 2018 et également en 2019.
Dès la première année, les résultats intermédiaires du projet seront communiqués dans l’exposition et en ligne sur notre site internet (www.museum-geneve.ch). Et après 4 ans (la recherche, c’est long!), nous devrions être en mesure de partager avec vous le système d’alerte que nous visons.
En nous soutenant, vous avez la possibilité d’être des témoins privilégiés, en visitant notre exposition, nos laboratoires, nos collections ou en vous rendant sur le terrain.