Création théâtrale
Femme 1, Femme 2, Femme 3 attendent un bus direction «Critorium». Là-bas les attend une cellule capitonnée et insonorisée, dans laquelle on s’enferme pour crier. Seul(e) évidemment.
Difficile de se retenir de crier, et encore plus de parler, quand on attend depuis longtemps, et que le bus tant attendu n’arrive pas ; un retard insoutenable qui va délier les langues et briser le silence.
La scène ne se joue pas ici et maintenant, mais presque. Nous voilà plongés dans l’ambiance rétro-futuriste d’un monde jumeau du nôtre, qui hésite entre l’absurde, le cauchemar, la comédie et la satire sociale.
La parole des trois femmes va progressivement dévoiler les contours du microcosme dans lequel nous voilà pris ; un monde sous haute surveillance, dans lequel se parler est suspect, crier interdit. Un monde où la parole s’est tarie, les cœurs asséchés et la paranoïa épanouie. Ici, crier dans un isoloir une ou plusieurs fois par jour est le seul échappatoire, le signe d’une liberté bien illusoire. La cocasserie de la situation du trio féminin dévoile une dimension métaphorique à la fois drôle et alarmiste.
Ce que mon projet a de spécial
S’emparer du théâtre comme tribune pour parler du monde dans lequel nous vivons permet de poétiser le réel, et d’y réagir avec une force décuplée par la métamorphose artistique. Guy Foissy nous offre ici un texte acerbe et drôle, saisissant les travers de personnages captifs d’une impitoyable dystopie. Écrit à l’orée de la chute du mur de Berlin et de l’écroulement consécutif du bloc soviétique, il se lit en 2020 avec un écho prophétique, comme un récit d’anticipation annonçant l’agonie des mots, la désagrégation du lien humain, les conséquences désastreuses de la solitude en milieu urbain, la montée incontrôlable des violences civiles, la crédulité engendrée par le contrôle massif et permanent de la population, le conditionnement par l’imagerie paranoïde, la misère de la condition féminine, tous ces fléaux qui rongent discrètement nos sociétés.
A quoi votre soutien va servir
La création professionnelle d’un spectacle contient des frais visibles et invisibles. Il y a bien sûr la scénographie, le décor, les costumes et les accessoires, les affiches et les flyers. Mais avant tout, il y a le salaire de l’équipe artistique. Sur ce projet, sept personnes vont travailler durant deux mois afin de proposer un spectacle de qualité. Et c’est pour ça que nous avons besoin de votre aide aujourd’hui ! Chacune de ces personnes met ses compétences au service du projet «Direction Critorium», et chaque compétence doit être valorisée à sa juste valeur. Grâce à votre soutien, «Direction Critorium» sera mis en lumière, aura une musique originale, sera mis en scène et interprété par des professionnels de la scène romande. L’équipe répétera durant cinq semaines pour vous concocter une création originale qui sera jouée dix fois au Théâtricul de Chêne-Bourg. Et, nous espérons, dans bien d’autres théâtres de Suisse et de francophonie !